Road trip moto : la grande traversée des Alpes en deux jours
La grande traversée des Alpes
Avril 2015 : ça y est, j’ai obtenu mon permis moto. Seconde bonne nouvelle : je dispose déjà de la moto, une Kawasaki GPZ 500 S. J’ai déjà fait plusieurs milliers de kilomètres notamment entre Tours (37) et Lyon (69).
L’été se profile et cela fait un moment que je n’ai pas pris de vraies vacances (plusieurs années à vrai dire …) du coup, j’ai envie que mon mois de juillet se passe bien … et sur deux roues !
Et si je m’organisais un premier vrai road trip ?Le programme du mois de juillet
Au moment ou je commence la préparation de ce périple, voici ce que j’envisage de faire :
- Partir de Tours destination Lyon et participer à une pendaison de crémaillère le premier week end
- Monter en Suisse voir un copain dans le canton de Gruyère et découvrir la région
- Aller voir un copain sur Draguignan (sud-est)
- Remonter dans les Alpes de haute provence voir de la famille et des amis sur Nyons et autour
- Retour sur la région de Chamonix pour de la moyenne et haute montagne
- Et deux ou trois détours par ci par là selon l’humeur …
C’est au moment de construire le voyage entre toutes ces étapes que la grande traversée des Alpes me revient en tête …
Un avant goût sur la route vers le pays du chocolat
Accès au lac Léman : direction gruyère en Suisse !
Avant d’attaquer les cols des Alpes, je quitte Lyon pour me rendre chez un copain vivant à Bulle dans le canton de gruyère en Suisse.
La route démarre donc par les petites routes de l’Ain, très belles, en direction de Chalamont puis Nantua et Oyonnax. L’arrivée à la frontière Suisse se fera par Les Moussières et une bifurcation à droite juste avant Les Rousses. Ces routes depuis Oyonnax sont vraiment très sympas et les virages s’enchaînent très bien jusqu’à la frontière !
Ensuite c’est une descente lente et toute en lacets vers le Lac Léman, Lausanne puis Montreux avant de remonter vers ma destination, Bulle.
Des aliens et des cols
Gruyère, son château et … son musée dédié au designer HR GIGER le designer des Aliens, rien que ça. Le musée se situe dans une maison juste à l’entrée du château de Gruyère et est assez particulier mais vaut le détour. Tout comme le bar situé juste à côté …
Envie de boire une coupette de “sang acide” de votre bestiole favorite ^^
Remis de mes émotions, mon ami m’emmènera faire 4 cols des alentours dans la journée. Le bougre connaît bien les virages de la région et je dois employer toute ma compétence de “motard débutant” pour suivre le rythme :).
Une pause bien méritée
Et un aperçu du chargement de mon 500 GPZ. La sacoche de réservoir ne tient que par ses tampons magnétiques et ça n’a pas bougé.
Le sac étanche sur la place arrière (rond bleu) est un sac étanche de bateau acheté chez Decathlon. Pour à peine plus d’une dizaine d’euros, le travail est parfait : j’ai déjà pu tester plusieurs très grosses saucées avec et tout son contenu n’a jamais reçu une seule goutte d’eau.
Du lac Léman à Menton : la grande traversée par les cols des Alpes
Préparation de la traversée des Alpes : j’ai fais simple !
Une fois la décision prise de me lancer sur cette aventure, je fais un constat très rapidement grâce à internet : le nombre d’informations disponibles est énorme !
Les sites et blogs visibles sur le sujet ont tous une façon différente de vous présenter le parcours et ce que vous pouvez y faire, il vous appartient donc de choisir le format de présentation qui vous plaît pour commencer la préparation.
Personnellement, je me suis basé sur ce seul site :
http://www.grandes-alpes.artimix.net/parcours-route-des-grandes-alpes.htmlJe me suis surtout servi à l’intérieur du lien vers la carte interactive suivante :
Lien vers la carte interactive Google Maps de la grande traversée des AlpesEnsuite, je suis allé au plus simple …
Je pense déjà que c’est trop court mais je dispose de deux jours pour faire le parcours, amputé d’une courte distance sur la fin car mon terminus se trouve à Draguignan. Je me suis penché sur la carte interactive, j’ai coupé le parcours en deux et au milieu j’ai cherché un hébergement pour la nuit.
Voilà, sincèrement pas grand chose de plus à vous dire sur ma préparation 🙂 ! Je sais quand j’y vais, j’ai dupliqué mes points de passages sur une feuille A4 en cas de panne de smartphone. Un peu d’aventure quoi !!
Départ de Bulle pour Thonon les Bains : un lent début de grande traversée
Jour 1, mon voyage commence au départ de Bulle en Suisse pour rejoindre Thonon les Bains. Ca commence mal …
Enfin, “mal” n’est pas vraiment le bon terme, je dirais plutôt que ça commence très lentement … Je prend la route en direction de Vevey au bord du lac que je dois ensuite contourner jusqu’à Thonon. La route est noire de monde, ça bouchonne, on est constamment en ville, il y a des camions. Bref …
Après avoir (beaucoup) pris mon mal en patience j’atteints enfin Thonon et trouve le début de la route facilement. Et là c’est assez incroyable, le décor change du tout au tout en seulement un ou deux kilomètres. Une fois laissé le bord du lac et un petit bout de 2×2 voies, me voici sur une petite route de montagne bordée d’arbres.
C’est partiiii ! La vérification de la météo me laisse présager deux jours de grand soleil, le top !
Une pause au restaurant et un groupe de motards pour les kilomètres suivants
La route commence donc très bien, les virages s’enchaînent et le rythme s’imprime bien. Il y a assez peu de circulation ce qui est génial. Les décors changent au fil du voyage et je fais quelques pauses nécessaires suite à de nombreuses tasses de café le matin …
Vers 13h je commence à avoir vraiment faim et m’arrête dans un village en amont du Grand Bornand. Je pose la moto et m’installe à une table située juste derrière un groupe de 3 amis motards. Leurs histoires et anecdotes s’enchaînent ce qui m’occupe plutôt bien durant mon déjeuner :).
Eux sont en avance sur moi et se lèvent pour aller payer au moment ou j’attends mon dessert. L’un d’eux passe me voir après l’addition et me complimente sur l’état de mon GPZ ! Sympa.
La conversation s’engage et nous parlons moto, kilométrage réalisé, trajets, etc … pour finalement discuter de nos routes respectives du jour. Ils m’invitent à faire un morceau de chemin avec eux jusqu’au Grand Bornand ou nos routes devront se séparer. Nous partons donc ensemble et tout de suite je sais à quoi m’en tenir : les 3 ont de l’expérience sur la route, cela se voit très vite !
J’essaie de suivre le rythme et m’en sort plutôt bien dans les parties sinueuses, mais le rythme évolue et ils savent aussi apprécier le décor quand c’est nécessaire. Top !
Je les laisse donc au Grand Bornand avec une information capitale pour mon parcours : La route de la bonnette, route la plus haute d’Europe à 2800 m d’altitude que je dois absolument faire.
Peu après notre séparation j’atteints la station Les Saisies, station de ski familial très agréable ou j’avais l’habitude de venir en vacances quand j’étais plus jeune.
Ensuite, direction Valloire … sauf qu’un rapide coup d’oeil à ma montre m’indique qu’il commence à être déjà tard et que je ne SUIS PAS DU TOUT ENCORE ARRIVE près du lieu ou je dois passer la nuit.
Le rythme s’accélère sur la route et j’atteinds Valloire puis le col du Galibier tardivement, la nuit commence légèrement à tomber. J’ai monté le col à une allure de rallye routier, je commence à être fatigué et j’ai bien failli me mettre au tas avec un blocage de roue arrière sur une épingle. Je ne sais pas si l’ambiance Supermotard est bien appropriée pour rester entier …
Le temps de quelques photos puis je reprend la route sur un rythme plus sage (descente) en direction de mon hébergement pour la nuit.
Encore au moins deux heures de route pour arriver à la tombée de la nuit. Bilan : parti ce matin à 08h00, j’ai roulé non stop toute la journée et il est 21h00 quand je débarque. Heureusement que j’avais acheté une salade en boite et quelques gateaux.
Bonne surprise : je ne dors plus dans la chambre prévue initialement, mais pour le même tarif dans un gîte entier juste à côté ! La moto passera la nuit au chaud dans un garage fermé (top !) et moi j’ai un maximum de place pour m’étaler :). Avant d’éteindre la lumière je prend quelques minutes pour graisser ma chaîne, à chaud, ainsi elle sera figée pour reprendre la route le lendemain et éviter de repeindre la roue arrière.
Je vais essayer de m’endormir, mais j’ai l’impression d’être toujours sur la moto … (vibrations, bruit, …)
La route de la bonette et une fabuleuse assiette de charcuterie
Jour 2, je reprend la route après une bonne nuit. Grâce aux informations de mes amis motards la veille je trouve facilement le début de la route de la bonette. Sans leurs infos, je serai tout simplement passé juste à côté sans rien voir !
La montée s’engage bien et effectivement il s’agît bien d’une route ou l’on passe un long moment à rouler à haute altitude contrairement à beaucoup de cols ou la montée/descente est directe jusqu’au col.
Du coup, assez rapidement, j’ai l’impression de faire mon road trip en mobylette … la route est fabuleuse mais ça grimpe sévèrement et le GPZ manque cruellement d’oxygène. Ce n’était déjà pas un foudre de guerre mais là …
Tout au long la vue est magnifique mais il faut rester très vigileant, le bitume se dégrade en altitude et le précipice n’est franchement pas loin à certains moments. Mais ça va, le rythme est adapté en conséquence et tout se passe bien.
Cette route a été établie sous Napoléon et est semée de quelques fortifications, j’atteinds un ancien fort visible sur la photo ci-dessous.
Ensuite c’est la route jusqu’au col et sa stelle. Une petite photo pour la preuve ! Il y a beaucoup de monde sur place, motards, cyclistes …
Une vue panoramique depuis la stelle
Derrière, la descente est plus rapide mais très fatiguante. On est constamment debout sur les freins et je commence à payer un peu le fait d’avoir des guidons bracelets d’origine sur le GPZ. Je me verrais mieux sur une 1200 GS comme j’en croise toutes les 2 minutes sur mon trajet !! Vache, les motards qui roulent aiment les BM’ !!
Plus loin ce sera un village fortifié à plus de 1500 mètres d’altitude et juste derrière, une pause déjeuner méritée …
Taadddaaaa !! Que des produits du coin, tous excellents …
Ma grande traversée des Alpes se poursuit ensuite jusqu’à quitter la route avant Menton pour rejoindre Draguignan et retrouver des amis chez qui je passe la nuit. Encore une arrivée tard le soir …
Deux journées fabuleuses, un soleil magnifique, aucun problème sur la moto … bon j’ai juste failli être tué deux fois, mais vous en apprendrez un peu plus dans cet article à ce sujet.
La suite du mois de juillet
Le reste de mon mois de juillet s’est déroulé avec encore beaucoup de kilomètres avalés dans le Verdon, la région de Nyons puis à nouveau dans les Alpes pour rejoindre des stations de montagne.
Une vue panoramique d’une retenue d’eau dans le Verdon
Une vue panoramique du plateau de Valensole, un joyeau des Alpes de Haute Provence
Le lever du soleil sur le Mont Ventoux, superbe. Un road trip moto tôt le matin pour arriver juste avant le lever du soleil dont nous profitons avec des cyclistes et des randonneurs.
On peut acheter un café dans le coin !?
Le copain avec qui je profite de ce moment sympa.
Une vue de la station de Pralognan la Vanoise
De retour près de Chamonix pour un stage de montagne. J’en ai profité en début de stage pour me rendre sur les routes en direction de Martigny et de Verbier, superbe aussi !
Conclusion d’un mois de juillet en moto
La grande traversée des Alpes en elle même
La grande traversée des Alpes en elle même était géniale, mais deux jours, c’est bien trop court. J’étais seul et pouvait suivre le rythme que je voulais mais clairement je me suis mis en danger sans raison en roulant autant et aussi rapidement …
Les cols ont été avalés pour beaucoup à un rythme de spéciale de rallye routier, chargé, fatigué. Je me suis pris un joli blocage de roue arrière dans une épingle qui aurait pu mal tourner et quelques bonnes frayeurs avec deux dangers de la route. Donc clairement, elle est à faire en 3 ou 4 jours pour pouvoir rouler avec plus de sécurité et surtout profiter bien plus des paysages et des endroits ou faire des pauses.
La contrepartie positive ? Ma progression flagrante au guidon …
En moto, vous le savez, nous avons par exemple tous un côté ou nous n’aimons pas tourner. Pour ma part, c’est à droite. Rouler dans tous ces cols et autant de conditions différentes m’a vraiment fait clairement progresser en conduite :
- Droite ou gauche, les virages passent maintenant sans aucune appréhension des deux côtés
- Le frein arrière est vraiment, vraiment utile et j’ai largement pu explorer ses bienfaits sur la traversée
- Gestion simultanée de toutes les commandes : le plus flagrant en fin de voyage reste la façon dont je suis maintenant capable d’arriver sur une épingle serrée freiner des deux freins tout en gérant le regard et le rétrogradage sans acoups avec le coup de gaz qui va bien.
Je ne dis clairement pas tout ça pour paraître le meilleur pilote du monde, je ne le suis pas du tout. Mais tout seul je vois clairement une énorme différence dans ma façon de conduire. Il y a clairement un avant et un après dans ma conduite !
Le plaisir à moto a été présent sur tout le trajet et j’ai particulièrement apprécié la rencontre avec les 3 motards avant le Grand Bornand. Absolument rien à redire aussi sur la météo qui m’a permis de rouler serein et de profiter de tous ces fabuleux paysages.
Clairement, avec un temps horrible (pluie, froid), j’imagine que les mêmes routes doivent vraiment devenir l’enfer sur terre …
Le reste
Pour tout le reste, j’ai pu profiter sur le mois de juillet du plaisir que l’on a également en randonnée quand on ne peut pas tout emmener avec soi : préparer ses valises avec l’essentiel, oublier le superflu et prendre les choses comme elles viennent sur le chemin.
Le GPZ était vraiment chargé mais j’ai pu m’en accomoder et faire tout ce que j’avais initialement prévu.
Ce que je ne referai pas
Voici les petites choses que je ne referai pas si je reprend la route pour un road-trip :
- Ne pas prendre de bombe anticrevaison : j’avais pris des outils, de la graisse à chaîne, … mais j’ai vraiment pas été très malin d’oublier un tel accessoire. J’aurais été dans une belle situation avec un clou dans un pneu sur la route de la bonette sans pouvoir rien faire
- Me prendre pour Superman : c’est un peu ce que j’ai fais en m’imaginant pouvoir faire en deux jours ce que TOUS les sites ou blogs que j’ai parcouru indiquent devoir faire en trois ou quatre …
- Prendre un sac à dos : même peu chargé le sac à dos est très inconfortable sur longue distance et surtout, il bouchait mon soufflet de blouson sur l’arrière. Hors il est capital pour bien évacuer la chaleur du pilote … donc à oublier pour la prochaine fois.
Un simple conseil : ne réfléchissez pas trop, FAITES LE !
Le seul véritable conseil que j’ai envie de donner suite à ma grande traversée des Alpes et à mon mois de juillet sur deux roues c’est : FAITES LE !!!
Ne passez pas trop de temps à réfléchir, n’attendez pas d’avoir la moto idéale, n’attendez pas d’avoir le dos en compote ou de ne plus être assez en forme pour le faire.
J’ai réalisé ce voyage avec 4 mois de permis derrière moi … alors tout le monde peut le faire. Sincèrement, pour la grande traversée il vous faut une petite journée de voyage pour atteindre le départ (si vous êtes loin) puis 3 ou 4 jours pour profiter d’un voyage fabuleux de 700 kms.
Si vous choisissez bien vos hébergements vous pouvez tout à fait réaliser cette traversée pour une somme hyper raisonnable alors pourquoi s’en priver ?
J’ai volontairement mis peu de photos de la traversée, premièrement parce que je n’ai pas eu trop d’occasions de m’arrêter pour en faire et puis surtout parce que je pense que vous devriez aller voir par vous même. Vraiment ;).
J’espère que cet article vous donnera quelques petites infos et vous permettra de vous dire que la plus grosse étape de votre voyage sera de vous décider à le faire